Chargin et pitié
Le Chagrin et la Pitié est un documentaire franco-suisse de Marcel Ophüls tourné essentiellement au printemps 1969 et sorti au cinéma en 1971. Le conseil d'administration de l'Office de radiodiffusion télévision française (ORTF, établissement public d'État) était plutôt favorable à son achat. Mais devant l'insistance de Simone Veil, membre du conseil d'administration, il déclina finalement l'offre1. Pour cette raison, le film dut recourir à la sortie en salle. Il fit l'objet d'un fort engouement par le bouche-à-oreille. À l'époque, le public en France ne disposait que de deux chaines de télévision, toutes deux étatiques, et dont l'information était étroitement contrôlée par le gouvernement : on crut que le pouvoir avait fait pression
En partant de l'étude du cas de Clermont-Ferrand, le film dresse la chronique de la vie d'une ville de province entre 1940 et 1944. Le film élargit son propos factuel à toute l'Auvergne, mais comporte aussi des témoignages de personnalités ayant joué un rôle important pendant la guerre (militaires, hommes d'État, témoins-clés) ou ayant participé activement à celle-ci, pas forcément à Clermont-Ferrand ni même en Auvergne.
D'une durée d'environ 4 heures, le film tourné en noir et blanc, est constitué d'entretiens et d'images d'actualité de l'époque. Celles-ci, présentées sans aucun commentaire, ont été réalisées sous le contrôle de la propagande du gouvernement de Vichy sauf pour l'avant-dernière d'entre elles : interview cinématographique de Maurice Chevalier, s'exprimant en anglais, à destination du public américain, évoquant les accusations portées contre lui de collaboration avec les Allemands, suivie d'images de la Libération rythmée par une chanson joyeuse du célèbre