Citoyennete active et vie economique
Le concept de citoyen a une place fondamentale dans la philosophie politique de Rousseau, mais pas seulement. Le sentiment de citoyenneté est fortement enraciné dans son caractère, et ses écrits autobiographiques en témoignent. Même si le citoyen de Genève peut être présenté comme le laudateur de la solitude, comme le défenseur de l'existence solitaire, on doit considérer que cette existence n'est que le revers nécessaire d'une médaille dont la face est peu glorieuse. La solitude ne sera que le bouclier qui pare l'estocade, que le remède à la maladie sociale. Elle n'aurait nulle pertinence dans une société saine. Le citoyen et ipso facto la société sont les valeurs fondamentales de la philosophie de Rousseau. Le sentiment d'être citoyen intervient très tôt dans la vie de Rousseau. Le premier livre des Confessions révèle le sentiment premier du caractère de Jean-Jacques. La première partie de son enfance auprès de son père fait fleurir un sentiment fort, puissant, scellé dans ce jeune coeur qui s'épanche sur les livres et y puise l'exaltation. Rousseau découvre l'antiquité, qui laissera une empreinte indélébile sur sa personne et sa philosophie. Il s'y référera constamment dans son oeuvre, y puisera l'essence de son apologie de la patrie et de la citoyenneté, ce qui révèle sans ambiguïté la dimension de la trace de cette époque sur l'esprit de notre jeune lecteur. "Sans cesse occupé de Rome et d'Athénes ; vivant, pour ainsi dire, avec leur grands hommes, né moi-même Citoyen d'une République, et fils d'un pere dont l'amour de la patrie étoit la plus forte passion, je m'enflamois à son exemple ; je me croyais Grec ou Romain. Le jeune coeur est immergé dans les sentiments patriotiques qu'il décrira dans son oeuvre. Son exaltation est telle qu'il s'identifie aux personnages de ses lectures. Il incarne cette identité dans des envolées mimétiques : "Un jour que je racontois à table l'aventure de Scevola, on fut effrayé de me voir