commentaire annie ernaux
Le témoignage cruel d’une enfance malheureuse
Annie Ernaux, narratrice, n’hésite pas dévoiler les détails honteux qui caractérisent son père, sans aucune pudeur, en écrivant par exemple qu’il n’était pas porté sur l’hygiène. En allant plus loin, elle n’hésite pas à exposer la misère intellectuelle de son père, sachant pourtant que lui-même considérait cette lacune comme son fardeau. Elle, devenu écrivain célèbre, relate des exemples très précis de scènes dans lesquelles son père trahit ses pauvres qualités en orthographe. Son père endosse le rôle d’un homme burlesque et comique dont elle raconte les anecdotes les plus loufoques, trahissant sa vision d’un homme qui n’a rien de digne à ses yeux. La dérision est alors l’arme la plus efficace pour dénoncer la pauvreté intellectuelle de son père, qui tranche avec sa propre culture et réussite scolaire. Sa cruauté continue jusqu’à affirmer qu’il parle ou ne dise rien, c’était du pareil au même. Son père est sans épaisseur, transparent, et qui aurait pu ne pas être là sans changer grand-chose.
Pourtant, le but de ces dénonciations n’est pas d’en faire un étalage gratuit. Elles servent à trouver les origines de ces sentiments qu’elle éprouve encore, à travers tous ces détails qui s’avèrent nécessaires.
Une oeuvre sociologique ?
La narratrice généralise ses propos, sans forcément prendre son père comme unique cible de ses accusations. Ill appartient à une catégorie de personnages largement répandue à l’époque où elle était