Commentaire composé, Ma bohème
Anticonformiste, marginal, révolté contre la bourgeoisie, l’Église, l'armée, l'injustice humaine, Rimbaud est épris d'absolu. C'est à la poésie que l'adolescent confie d'abord ses colères, ses révoltes mais aussi ses rêveries. Dans le sonnet « Ma bohème », le poète rêveur évoque une de ses nombreuses fugues d'adolescent. Il relate ses merveilleux voyages qui lui permettaient de s'échapper du monde médiocre et bourgeois dans lequel il vit. Mais la fonction de ses pérégrinations ne se limitait pas seulement à cette évasion hors du monde social ou au plaisir de voyager. Celles-ci étaient en effet l'occasion pour le jeune homme de se livrer à son activité poétique, autre forme de voyage, dans le domaine spirituel cette fois.
Pour Rimbaud, le voyage est en quelque sorte un mode de vie. Le titre « Ma bohème » semble en être une revendication, tant par l'emploi de l'adjectif « ma » que par le sens du mot bohème qui évoque une vie vagabonde sans règles ni soucis du lendemain. Voilà donc qui s'oppose à le stabilité et la sédentarité de la classe bourgeoise que l'adolescent exècre. Dans ce sonnet, l'accent est mis d'avantage sur le fait de partir que que la destination précise du périple. L'expression « je m'en allais » qui ouvre le premier vers suggère une impression de mise en mouvement vers un lieu qui n'est pas précisé puisque le verbe est employé sans complément. Le complément de lieu « sous le ciel » du verbe aller qui est employé de nouveau au troisième vers ne nous renseigne pas d'avantage. Il évoque plutôt une marche infinie et souligne de ces voyages dont la fréquence était déjà suggérée par l'emploi de l'imparfait. L'expression « souliers blessés « du dernier vers accentue encore l'idée d'une longue marche harassante. Les étapes du voyage sont également indéterminées : l'auberge, les routes sont présentées hors de tout contexte géographique précis. De fait, le voyage est un moyen de s'évader du monde conformiste et normatif de la classe