Commentaire de colloque sentimental
Ce poème est le dernier extrait du recueil des Fêtes galantes, publié en 1869 et composé de vingt-deux poèmes qui réunissent divers personnages de la comédie italienne (Arlequin, Pierrot…) mais qui cèdent aussi la place à la mélancolie, la détresse et également au désespoir notamment avec ce dernier poème Colloque sentimental. Verlaine, en refusant ici l’idéalisation du souvenir amoureux, opère une vive rupture avec ses précédents poèmes, en reniant l’ensemble de son recueil sur une note ironique et funèbre. Le poète fait plonger le lecteur dans un cadre spatio-temporel loin d’être idyllique et propice à l’échange amoureux, ce qui renforce le caractère sombre et désespéré que Verlaine confère à l’amour.
Dès le premier vers du poème, on apprend que la scène a lieu dans un « parc ». Le parc en lui-même pourrait représenter un lieu idéal propice aux rendez-vous galants. Or ici, le parc est pourvu dès le premier vers de trois qualificatifs qui desservent cet aspect harmonieux : ce parc est « vieux, solitaire et glacé » (vers 1). La caractérisation du parc imprime une connotation péjorative mais une sensation de flou persiste et amène le lecteur à se questionner quant au choix d’un tel décor : s’agit-il d’un passé ancien, isolé, éloigné de toute vie ? Les relations des deux personnages sont-elles à l’image de ce parc ? Ce même vers est ensuite repris au vers 5, tel une sorte de refrain qui pousse sans cesse le lecteur à se remémorer ce décor pour le moins étrange. Les personnages sont en quelque sorte prisonniers de ce parc qui les enferme dans un lieu morne, de la même manière qu’ils sont enfermés dans leur relation sans but. Cette impression de désolation est accentuée par l’utilisation de rimes plates de types AABB qui connotent la monotonie et la tristesse. De plus, les personnages n’ont pas une forte interaction sur ce parc puisqu’ils ne font qu’y « passer » (vers 2),