Commentaire de l'incipit de la cantatrice chauve
Dans cette scène d'ouverture, il y a deux personnages. Mais, de la première à la dernière ligne, c'est Mme Smith qui monopolise la parole, M. Smith se contente de faire "claquer sa langue" sans vraiment l'écouter. En fait, on peut dire que c'est une sorte de monologue. Il faut dire qu'elle parle mais que c'est pour ne rien dire, et elle semble pouvoir continuer des heures comme ça. Il est assez amusant de voir ce personnage raconter chaque détail de sa vie sans que son mari ne lui prête attention. On remarque tout de suite que ce n'est pas une scène d'ouverture comme les autres. Cette scène d'ouverture est d'autant plus inhabituelle que ce que raconte Mme Smith dans son monologue est absolument sans intérêt. On note qu'il y a une insistance sur le champ lexical de la cuisine, qui est un sujet qui semble passionner Mme Smith, d'ailleurs elle nous fait la liste de tout ce qu'elle a mangé au dîner : "soupe", "poisson", "pommes de terre au lard", "huile", "sel", "poireaux", "oignons". Cette longue énumération renforce l'idée d'insignifiance car ça n'est absolument pas intéressant pour le lecteur de savoir ce que les personnages viennent de manger. On voit qu'elle ne s'intéresse qu'aux choses matérielles, ce qui montre une certaine étroitesse d'esprit. La présence de répétitions (il y a dix-neuf fois le mot "anglais" dans la scène, et le verbe "cuire" est répété trois fois dans la même réplique) rendent les phrases lourdes et soulignent la platitude des propos de Mme Smith. La phrase "ça me fait aller aux cabinets"