Commentaire de l’arrêt rendu par la chambre mixte de la Cour de cassation le 26 mai 2006
Dans son ouvrage Droit civil: Les contrats spéciaux civils et commerciaux, Alain Bénabent, Professeur agrégé des Facultés de droit, définit le pacte de préférence comme «l’engagement de réserver la préférence au bénéficiaire si l’on décide de vendre ou d’acheter, et de lui faire donc en priorité une proposition dans ce sens avant de s’adresser ailleurs».
Il peut cependant arriver que le promettant aille ''s’adresser ailleurs'' pour reprendre l’expression de l’avocat aux Conseils.
L’article 1106-1 de l'avant-projet de réforme du droit des obligations ajoute que «le pacte de préférence pour un contrat futur est la convention par laquelle celui qui reste libre de le conclure s’engage, pour le cas où il s’y déciderait, à offrir par priorité au bénéficiaire du pacte de traiter avec lui».
Dans un arrêt rendu le 26 mai 2006, la Cour de cassation a ainsi eu à trancher un litige quant à l’inexécution d’un pacte de préférence et s’est réunie en chambre mixte car l’affaire relevait normalement de l’attribution de plusieurs chambres.
En l'espèce, un acte notarié de donation-partage dressé le 18 décembre 1957, contenant un pacte de préférence à la charge d’un des attributaires, est établi et attribue un ensemble immobilier situé en Polynésie française.
Par acte de donation-partage du 7 août 1985, rappelant ce pacte de préférence, une parcelle dépendant de ce bien a été transmise à un nouvel attributaire qui décide, par acte notarié du 3 décembre 1985, de la vendre à une société civile immobilière, la SCI Emeraude.
La bénéficiaire du pacte de préférence réclame en 1992 sa substitution dans les droits de l’acquéreur et le paiement de dommages-intérêts en invoquant une violation du pacte dont elle tenait ses droits en tant qu’attributaire.
Le 13 février 2003, la cour d’appel de Papeete a rejeté la demande de la bénéficiaire tendant à obtenir une substitution dans les