La lecture de l’encyclique révèle tout d’abord une influence prépondérante de la nature, qui est considérée par le pape comme un véritable miroir de l’ordre social, ce qui explique par conséquent le fait que celui-ci utilise plusieurs métaphores organicistes pour élaborer sa doctrine. On s’attachera dans un premier temps à montrer en quoi Léon XIII refuse le socialisme lorsqu’il rédige son encyclique, puis on s’attachera au sort qu’il réserve au libéralisme. Cependant, en décryptant bien la solution que propose Léon XIII à la question sociale et ouvrière, on peut affirmer que le pontife sait allier tradition et modernité, notamment lorsqu’il rappelle la morale et les valeurs prônées par l’Eglise. Cette synthèse se ressent aussi dans sa conception d’un libéralisme modéré et encadré et dans la place qu’il réserve aux syndicats. Le remède à la question sociale et ouvrière de Léon XIII est principalement basé sur un libéralisme modéré et encadré par l’action de l’Etat et des corporations. En cela, le pape représente une sorte d’avant-garde idéologique car il opère la synthèse entre socialisme et libéralisme, ce qui à l’époque relève du fantasme puisque les luttes entre ces deux tendances semblent inconciliables. Ainsi, le pontife énonce qu’«aux gouvernants il appartient de protéger la communauté et ses parties» à la ligne 29. On sent ici l’ébauche d’un Etat Providence. Le pape emploie même le terme aux lignes 31 et 32 : «Que l’Etat se fasse donc […] la providence des travailleurs». Il justifie une intervention légitime de l’Etat pour réglementer les conditions injustes de travail «si […] soit les intérêts généraux, soit les intérêts d’une classe en particulier se trouvent lésés», ligne 30, sans pour autant exiger un remplacement du système économique libéral. Il jette les bases d’un véritable nouvel ordre social en prenant en compte les prémisses d’un salaire minimum, d’une assurance sociale et d’une limitation du travail. Cependant la formule de la ligne 33 :