Qu’est-ce que le libre arbitre ? Est-ce une donnée de la conscience dont on ne peut pas douter, une notion commune comme Descartes l’admettait dans ses Principes de la philosophie ou bien une illusion comme Spinoza a tenté de le démontrer dans son Éthique ? Tel est le problème du libre arbitre dont Nietzsche traite dans cet extrait. On se demande alors donc s’il n’y a pas une limite à la critique du libre arbitre ? Cette critique du libre arbitre soulève un problème. En effet elle suppose que l’homme est victime d’une illusion, mais en même temps elle implique que l’on puisse se sortir de l’illusion, sans quoi la critique n’est pas possible et semble contradictoire. Nous verrons dans une première partie la vision de Nietzche sur la façon dont les hommes pensent être libres puis dans une deuxième partie nous étudierons la découverte d’une contradiction par l’auteur et enfin dans une dernière partie nous verrons l’hypothèse inverse que formule Nietzche.

Nietzsche commence en expliquant la façon dont les hommes pensent être libres. En effet, il indique que les hommes sont les meilleurs êtres sur terre, ils n'aident et n'ont besoin de personne pour vivre. C’est un sophisme car c’est le sentiment que nous avons de ne dépendre de rien qui nous amène à déduire que nous sommes indépendants. Nietzsche le présente comme étant le raisonnement que tous les hommes font, y compris lui. Cette indépendance peut être identifiée à la notion de libre arbitre. Le raisonnement repose donc sur un sophisme, c’est-à-dire sur un faux raisonnement qui n’a que l’apparence d’être logique. Est-il possible de fonder notre croyance au libre arbitre ? C’est ce que Descartes a tenté d’expliquer avec sa célèbre réplique « Je pense donc je suis » c’est la première des vérités. Dès lors, le libre arbitre rend l’Homme spécial et le différencie de l’animal.

Nous avons vu dans une première partie la façon dont les hommes pensent être libres. Voyons dès à présent la découverte d’une