Congrès afsp toulouse 2007
Table ronde 2
« Comment concevoir et saisir les temporalités du vote ?
Pour une approche longitudinale de la décision électorale »
Session 1
BRÉCHON Pierre (Institut d’études politiques de Grenoble/PACTE)
Pierre.Brechon@iep.upmf-grenoble.fr
Les facteurs explicatifs de l’abstention : quelles relations entre abstention et processus d’individualisation sur une longue période ?
L’abstention se définit négativement. C’est le non comportement d’un citoyen qui ne se déplace pas pour voter, alors qu’il est invité à le faire par le système politique. Il y a certainement de nombreuses explications possibles de cette non participation (Bréchon, 2004 et 2006). On a souvent opposé ou au moins mis en tension les explications de type social (le déficit d'intégration sociale expliquant l'abstention) et les explications d'ordre politique (l'abstention exprimerait une attitude politique de rejet à l'égard de toute la classe politique ou à l'égard de l'offre politique présente à une élection particulière) (Lancelot 1968 ; Subileau, Toinet 1993 ; Subileau, 1997). J'ai quant à moi essayé d'expliquer qu'il y avait désormais aussi une tendance à la montée de l'abstention qui pouvait être liée à l'évolution longue des valeurs et notamment à la montée de l'individualisation (Bréchon, 2002).
Les sociétés européennes sont depuis quelques décennies marquées par cette montée des valeurs d’individualisation, comme de nombreux travaux ont pu le manifester ces dernières années (Ester, Halman, Moor, 1993 ; Bauman, 2001; Ulrich et Beck-Gernsheim, 2002 ; Bréchon, 2003 ; Bréchon et Tchernia, 2002). L’individualisation n’est pas l’individualisme. C’est la culture du « chacun son choix » et non pas du « chacun pour soi ». Dans tous les domaines de la vie, les individus se veulent originaux, ils veulent réfléchir leurs choix et ne pas se les laisser dicter par la tradition, leurs parents, les habitudes, les maîtres à pensée, les institutions… Ces choix