Constructivisme
Le constructivisme critique n’aspire nullement à occuper la position du nouveau paradigme de la théorie des Relations Internationales. Ses ambitions sont beaucoup plus modestes. Comme toute approche critique, il cherche avant tout à provoquer la réflexion et le dialogue et d’éviter la sclérose qui guette toute pensée dominante. Par contre, il veut rester dans la famille constructiviste parce qu’il partage sa vision générale d’un monde socialement construit, tout en reprochant au courant constructiviste dominant son conservatisme épistémologique et ontologique.
Il veut y rester aussi parce que, comme le dit très candidement George Marcus, les constructivistes critiques « ne veulent manifestement pas être ignorés par la majorité dans la même mesure » que les critiques postmodernes, avec qui, par ailleurs ils sont « fortement alliés sur le plan intellectuel ». Karin Fierke exprime cette position d’une façon un peu différente quand elle place le constructivisme critique à la frontière entre l’empirique et le critique, c’est-à-dire entre le constructivisme dominant et le postmodernisme.
Si on ne peut parler d’un véritable projet constructiviste critique, la plupart des sympathisants du constructivisme critique souscriraient sans difficulté aux trois principes proposés par Weldes.
Le réflexivisme est un aspect important de toute théorie qui se veut critique. Il est fondamental pour le constructivisme critique. Il signifie avant tout que le chercheur doit être conscient à la fois des prémisses de sa propre pensée, voire de ses préjugés, et des valeurs et des normes qui sous-tendent toute théorie. Il ne peut y avoir séparation entre valeurs et faits, ou entre théorie et pratique. Toute analyse doit toujours tenir compte du contexte social. Et si le réflexivisme souscrit à l’idée de l’incommensurabilité entre paradigmes ou courants théoriques qui s’opposent sur le plan épistémologique, il croit que le dialogue est possible,