Corporate gouvernance au japon
Introduction
Le début des années 1990 a été le théâtre de grands changements politico-économiques dans l’histoire du Japon d’après-guerre, dus aux profonds bouleversements dans le contexte général de l’archipel que furent la fin du règne sans interruption pendant plus de 50 ans du Parti Démocratique Libéral et l’explosion de la bulle financière et immobilière. Même si d’aucuns pensent que la période d’incertitude qui a suivi la remise en cause du modèle nippon a été une « décennie perdue », une analyse a posteriori permet d’y voir plutôt l’ouverture d’une parenthèse de réformes multiples qui ont touché le système nippon à différents échelons, incluant de façon directe la refonte du modèle de corporate governance « à la nippone », qui était établi jusque-là.
Dans ce domaine, les transformations qui ont frappé les lois formelles, les pratiques établies et l’imbrication entre les entreprises et la sphère politique montrent que la révolution du système a bel et bien débuté : la J-Corporate Governance n’est plus d’actualité et de nouvelles règles continuent d’être établies. Comment le modèle japonais de corporate governance, et le monde de l’entreprise à l’origine si atypique du Japon, sont-ils en train de connaître les plus grands bouleversements de leur histoire ? Quel tournant historique la corporate governance est-elle en train de prendre ? Se dirige-t-elle vers le modèle américain d’autorité absolue de l’actionnariat, qui avait jusque-là un rôle plus effacé ?
1. La J-Corporate Governance
Afin de bien saisir l’évolution actuelle du système de corporate governance à la japonaise, il convient de présenter au préalable les caractéristiques principales de ce système que nous appellerons la J-Corporate Governance traditionnelle, qui est axé sur l’interaction entre trois groupes d’acteurs principaux: ✓ Le Top Management d’une société était considéré comme l’aboutissement d’une carrière pour des employés habitués à