Cosmétique
Quelques milligrammes de crème appliqués sur la peau, et on s'expose, la conscience tranquille, aux rayons du soleil. Au regard des effets nocifs de ses radiations, la protection paraît bien mince. Elle peut pourtant suffire, mais à certaines conditions... par Isabelle BOURDIAL
Du rififi sous le soleil... Les crèmes solaires à la bergamote déchaînent encore les passions. D'un côté, la société pharmaceutique Bergaderm, détentrice de la marque Bergasol. Le laboratoire français fabrique et vend depuis trente ans des produits solaires à la bergamote, un citrus dont l'essence contient une substance de la famille des psoralènes, le 5-méthoxypsoralène (ou 5-MOP). De l'autre, le Comité d'adaptation de la législation de l'Union européenne qui a demandé, le 28 avril dernier, la limitation des psoralènes à 1 partie par million (ppm) dans les crèmes solaires. Ce qui revient à interdire la vente des produits Bergasol dans leur formulation actuelle, eux seuls en contiennent (15 ppm au maximum). Cet avis pourrait être entériné sous peu par la Commission européenne. Une procédure officielle pour le moins entachée d'irrégularités. Le comité scientifique de la Commission s'appuie sur les travaux d'une association d'utilité publique, l'OEuvre belge du cancer, mettant en avant les risques de mélanomes malins liés à l'utilisation des psoralènes. L'étude épidémiologique menée par le Dr Authier a pourtant fait l'objet de critiques de la part de la communauté scientifique. L'indépendance de l'OEuvre belge du cancer, elle, a carrément été remise en cause par Bergaderm : l'association tire une partie de ses subsides de la firme Bayer, concurrente directe du laboratoire français.
Des travaux récemment publiés sur le 5-MOP (1) établissent en revanche son innocuité aux doses de 30 ppm. Ils n'ont apparemment pas été pris en compte. Le texte adopté par le Comité d'adaptation avait déjà fait l'objet d'un vote de rejet le