Croissance et emploi
La hausse de la productivité du travail, parce qu'elle s'appuie en partie sur une substitution du capital au travail, a souvent été accusée de détruire des emplois. C'est le thème récurrent de la " machine qui vole le travail de l'homme ". Disparue pendant les années de forte croissance d'après-guerre, cette crainte resurgit aujourd'hui où l'introduction de nouvelles techniques de production s'accompagne d'une forte montée du chômage.
La productivité par tête étant le rapport Production/Emploi, on peut en déduire que l'emploi est le rapport Production/productivité par tête. Il en découle la relation suivante :
Taux de variation de l'emploi = taux de variation de la production - taux de variation de la productivité par tête
L'emploi diminue donc si la croissance de la productivité par tête excède la croissance de la production, c'est-à-dire la croissance économique. Mais cette relation mathématique n'est pas aussi mécanique qu'elle le paraît pour deux raisons :
- la croissance de la productivité par tête peut s'accompagner d'une diminution de la durée du travail qui, elle, favorise l'emploi ;
- la croissance de la productivité et l'augmentation de la production ne sont pas des variables indépendantes comme nous l'avons montré précédemment, mais s'entretiennent mutuellement. Ainsi dans un rapport de 1994, l'OFCE souligne que " les phases de croissance rapide de la productivité ont été le plus souvent des périodes de prospérité caractérisées par un niveau d'emploi élevé " alors que " la montée du chômage en Europe a coïncidé avec l'inflexion de la tendance de la productivité survenue vers le milieu des années 70 "( 2 ).
Sur la longue période, la thèse de la compensation d'Alfred Sauvy semble donc vérifiée. La croissance de la productivité supprime certes des emplois, mais les effets induits des gains de productivité sont positifs pour l'emploi : emploi dans les activités produisant les biens d'équipement incorporant le