De la philosophie des sciences à la philosophie de l’esprit
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A paraître dans M. Ouelbani, dir., La philosophe analytique dans tous ses états, Tunis : Presses de l’Université de Tunis. Version finale non éditée.
De la philosophie des sciences à la philosophie de l’esprit
Daniel Andler Université de Paris-Sorbonne (Paris IV)
La philosophie des sciences était, pour les philosophes analytiques formés au cours du quart de siècle 1950-1975, la discipline centrale, ou peut-être faudrait-il dire la disciplinevedette. Dans la période suivante, c’est la philosophie de l’esprit qui a occupé cette place. Parmi les philosophes formés au cours de la première période, nombreux sont ceux dont la thèse et les premiers travaux se situaient en philosophie des sciences et qui sont aujourd'hui actifs soit en philosophie de l’esprit, soit en philosophie morale (autre branche de la philosophie analytique en plein développement, et qui commence d’ailleurs à se rapprocher de la philosophie de l’esprit). Dans les générations suivantes, c’est en philosophie de l’esprit que se situent le plus grand nombre de thèses et de publications. L’objet du présent exposé est de décrire cette évolution et d’en proposer quelques explications possibles. N’étant ni un historien ni un connaisseur encyclopédique de la philosophie analytique, je ne prétends pas à la précision ou à l’exhaustivité ; ma seule ambition est de donner au lecteur non spécialiste une idée de cet aspect de l’évolution de la philosophie analytique, sans chercher à le situer au sein d’une histoire générale de la discipline. Outre son intérêt propre, le déplacement du centre de gravité de la philosophie analytique invite à réfléchir à un aspect qui n’est pas toujours mis en avant dans les présentations élémentaires. Il est devenu clair qu’on ne peut se contenter de dire de la philosophie analytique qu’elle s’intéresse aux problèmes plutôt qu’aux auteurs ; ou qu’elle place le langage au cœur de sa méthode ; ou qu’elle