Des jeux et des hommes eric berne
La privation émotive et sensorielle peut provoquer une issue fatale. En effet, avec l’exemple des nourrissons, on peut voir que l’intimité physique est primordiale pour l’Homme : Spitz a découvert que les nourrissons que l’on ne manipulait pas durant une période prolongée avaient tendance à décliner de manière irréversible. Cette privation peut donc mener à la dégénérescence et à la mort. Ces observations font naître l’idée de l’appétit du stimulus, et indiquent que les formes préférées de stimuli sont celles que fournit l’intimité physique.
Il est probable que la privation émotive et sensorielle soit une cause des modifications de l’organisme. En effet, si le système réticulaire d’activation de la tige cérébrale n’est pas suffisamment stimulé, il se peut qu’il y ait par la suite une dégénérescence nerveuse. Il est donc possible de mettre en parallèle l’appétit du stimulus et l’appétit de nourriture, tous deux essentiels à la survie de l’être humain.
Mais une fois passée la phase d’étroite intimité avec la mère, l’individu apprendra à se contenter de formes plus subtiles de manipulations : l’appétit du stimulus infantile se transforme partiellement pour donner l’appétit de reconnaissance. Tout le monde n’a pas besoin de la même reconnaissance, ainsi, par exemple, un acteur peut avoir besoin chaque semaine de centaines de « caresses » de la part d’admirateurs anonymes, alors qu’un savant se contentera d’une « caresse » annuelle, provenant d’un maître qu’il respecte.
On peut ainsi définir le terme caresse : par extension de sens il est permis d’employer familièrement le mot « caresse » afin de désigner tout acte impliquant la reconnaissance de la présence d’autrui. Par conséquent la caresse peut servir d’unité fondamentale à l’action sociale.
Après l’appétit de stimulus et l’appétit de reconnaissance vient l’appétit de structure. Le problème qui se pose à tout être humain consiste à savoir comment structurer ses heures de veille. C’est pourquoi