Descritif
N°7 – Septembre 2011
©Philippe HAMON
LE DESCRIPTIF, « CE DÉLAISSÉ DE L’IMPÉRIALISME NARRATOLOGIQUE… » ENTRETIEN AVEC PHILIPPE HAMON par Guillaume Bellon
Si Introduction à l’analyse du descriptif, paru pour la première fois en 1981, est, aux dires de son auteur, « un travail déjà ancien », l’ouvrage n’en continue pas moins à faire autorité ; il constitue une des références aux sources de la thématique choisie pour cette livraison de Recto/Verso. Philippe Hamon, spécialiste de la littérature du XIXe siècle, des rapports du texte et de l’image, a bien voulu revenir sur son travail, en retracer les inflexions ou déplacements, et évoquer une vie au milieu de la littérature et ses signes.
Comment, à l’heure du triomphe de la narratologie (du prestige des nombreuses et innombrables « analyses » ou « structures » du récit), l’objet « descriptif » s’est-il imposé à vous ? Aviez-vous trouvé des « appuis » théoriques (songeons à Auerbach… jusqu’à Barthes), des soutiens, ou vous êtes-vous lancé seul dans cette recherche ? L’objet « descriptif » (je préfère cet adjectif substantivé, qui suggère que l’on travaille sur un ensemble large de fonctions et de procédés à construire, au terme « description », qui semble désigner plus étroitement une unité stylistique bien identifiée-identifiable, pourvue d’un début et d’une fin, intégrée à un texte plus vaste, déjà donnée par une tradition). Il s’est imposé à moi lors de mes premières recherches sur la notion de « personnage ». C’était à l’occasion d’une thèse de doctorat, et elle portait sur l’œuvre de Zola, c’est-à-dire sur un écrivain friand de descriptions, et sur une notion (celle de personnage) qu’il s’agissait alors de reprendre dans les termes et les cadres d’une narratologie générale, discipline neuve qui dominait alors cette grande période structuraliste (les « dix glorieuses », 1965-1975). Travaillant sur le système des personnages, la description ne m’intéressait nullement. Cependant cette