Je reprenai mon chemin après cette brève halte, toujours pensif. A mon arrivée à la chambre des pairs, je fus surpris de voir le même carrosse devant l'entrée principale. Le plus étonnant a été de voir la même femme vếtue des mêmes habits, le velour, les dorures, autant de détails que j'avais vu 10 minutes plus tôt, et sûrement des centaines d'autres fois auparavant. En effet cette dame n'était autre que la femme du Comte de Monguignan, un autre Pair, lequel venait chercher son épouse. La vue de cette scène me tira plus profond encore vers ma réflexion.

Nous étions donc réunis à propos d'une négociation sans réelle importance à mes yeux. Les orateurs passèrent chacun leur tour devant la chambre pour exprimer son point de vue sur le sujet. Je demeurai toujours pensif à propos de la scène dont j'ai été témoin et vers laquelle les évènements d'aujourd'hui ne cessent de me ramener. C'était bientôt à mon tour de prendre la parole, mais je continuer de penser. Je regardais cette femme qui venait assister au débat. Elle paraissait encore plus belle et éblouissante que tout à l'heure. Elle était assise dans la lumière avec dans ses bras le petit enfant tout aussi rayonnant qu'elle malgré son jeune âge. La position de son fauteuil et la lumière me faisait penser à un trône, tout était resplendissant, elle baignait dans la lumière, telle une reine, ou un ange. Pourtant je savais que cela n'était rien de tel, je la comparais et l'imaginais à la place du pauvre homme. La chance d'être né dans une bonne famille et d'avoir un nom, voilà ce qui faisait la différence, et, malgré sa majesté artificielle, elle ne semblait pas mériter sa condition plus que l'homme qui avait faim.

Pendant que je regardais encore cette femme, j'entendais quelques conversations à propos d'un grand bal qu'une Comtesse organisait. J'entendais aussi parler de champagne, grand vin, petits fours, robes en velour, bijoux...

C'en est trop, je me lève et profite de la fin de parole de l'orateur