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Ma douleur serait bien médiocre si je pouvais vous la dépeindre ; je ne l’entreprendrai pas aussi. J’ai beau chercher ma chère fille, je ne la trouve plus ; et tous les pas qu’elle fait l’ éloignent de moi. Je m’en allai donc à Sainte-Marie toujours pleurant et toujours mourant : il me semblait qu’on m’arrachait le cœur et l’âme ; et en effet, quelle rude séparation ! Je demandai la liberté d’être seule ; on me mena dans la chambre de madame du Housset, on me fit du feu ; Agnès me regardait sans me parler ; c’était notre marché ; j’y passai jusqu’à cinq heures sans cesser de sanglotter ; toutes mes pensées me faisaient mourir. J’écrivis à M. de Grignan, vous pouvez penser sur quel ton ; j’allai ensuite chez madame de la Fayette, qui redoubla mes douleurs par l’intérêt qu’elle y prit : elle était seule, et malade et triste de la mort d’une sœur religieuse, elle était comme je la pouvais désirer. M. de la Rochefoucauld y vint ; on ne parla que de vous, de la raison que j’avais d’être touchée, et du dessein de parler comme il faut à Mellusine[1]. Je vous réponds qu’elle sera bien relancée. D’Hacqueville vous rendra un bon compte de cette affaire. Je revins enfin à huit heures de chez madame de la Fayette ; mais en entrant ici, bon Dieu ! comprenez-vous bien ce que je sentis en montant ce degré ? Cette chambre où j’entrais toujours, hélas ! j’en trouvai les portes ouvertes ; mais je vis tout démeublé, tout dérangé, et votre petite fille qui me représentait la mienne. Comprenez-vous bien tout ce que je souffris ? Les réveils de la nuit ont été noirs, et le matin je n’étais point avancée d’un pas pour le repos de mon esprit. L’après-dînée se passa avec madame de la Troche[2] à l’Arsenal. Le soir, je reçus votre lettre, qui me remit dans les premiers transports ; et ce soir j’achèverai celle-ci chez M. de Coulanges, où j’apprendrai des nouvelles : car, pour moi, voilà ce que je sais,