Didascalies beckett
Les didascalies* sont les indications de mise en scène : titres, liste des noms de personnages, numéros des actes, mention finale du baisser de rideau, description détaillée des décors, et tout autre élément ayant
« une fonction de commande de la représentation »38 et pouvant être aussi présent dans les propos des personnages. Elles renvoient à deux univers : celui de la fiction, celui de la représentation théâtrale. Elles constituent ainsi le texte théâtral comme oeuvre à lire autant qu’à jouer, en offrant au lecteur une perspective de visualisation des gestes et attitudes, ainsi qu’une perception de la diction des personnages.
Les pièces de Beckett se distinguent par l’abondance de didascalies. Nous nous intéresserons ici à celles qui font l’objet d’un marquage typographique (en italiques, avec alinéa ou incluses entre parenthèses au milieu du discours des personnages), parce que ce sont les plus abondantes et celles qui permettent de reconnaître une pièce de Beckett au premier coup d’oeil.
Fin de partie s’ouvre sur plusieurs pages de didascalies décrivant minutieusement le décor, puis la pantomime de Clov. Elles frappent par leur extrême précision, comme si le vide du décor se trouvait compensé à la lecture par la précision presque maniaque des notations, par exemple le nombre de pas que doit faire Clov (p. 12). Insérées dans le discours des personnages, les indications scéniques accompagnent la découverte simultanée des actions des personnages et de leur discours. Ainsi, la présentation de Nagg se fait par l’intermédiaire de didascalies présentes à l’intérieur du dialogue entre
Clov et Hamm, pendant qu’apparaît la tête de Nagg pour la première fois (p. 21). La pièce est donc aussi le récit de la pièce.
Elles peuvent aussi indiquer les modalités de l’énonciation : le ton - et par conséquent l’état d’esprit :
« Morne » (p. 15) -, la qualité sonore : « voix blanche » (p. 13), la quantité : « Plus fort » (p. 25), « bas »
(p.