Diderot, Jacques le fatalist
Il s'agit ici d'une conception qui trouve bien peu d'écho avec l'écriture de Diderot, qui l'a précédé d'un siècle.
Denis Diderot, penseur fondamental du Siècle des Lumières (1715-1789), publie en 1771 Jacques le Fataliste, par lequel il va clairement poser les bases d'un nouveau type romanesque, s'inscrivant directement dans la lignée philosophique.
De quel courant d'idées parle-t-on ? Diderot pose comme valeurs essentielles de l'homme à la fois le rejet de l'ignorance, du fanatisme religieux et des superstitions, mais également la tolérance, la raison, la science et le progrès. Par cette dernière notion, il faut comprendre : exercer le lecteur à acquérir un raisonnement autonome. Ce point nodal influence profondément l’œuvre de l'auteur, et est particulièrement remarquable dans Jacques le Fataliste, qui propose une toute nouvelle manière de réfléchir, comme nous nous proposons de le démontrer.
L'incipit du roman, qui est soumis à notre analyse, est ainsi totalement déroutant. Il convient d'en évoquer brièvement le contexte : un valet et son maître cheminent ensemble vers une direction qui ne nous est pas connue et échangent ensemble sur des thèmes qui leur sont personnels, tel l'amour, par exemple. On note également les interventions récurrentes d'un narrateur, qui s'adresse directement au lecteur et se joue des conventions romanesques traditionnelles, qui donnent une impression déconcertante, liée également à la forme adoptée par Diderot pour ouvrir son œuvre.
En effet, pour bien saisir