Dissertation littéraire "la nouveauté en poésie"
1. L'héritage de la langue Les poètes travaillent avant tout sur la langue : en ce sens, ils utilisent tous un patrimoine commun, celui que des siècles et des siècles ont construit patiemment. Boileau parle de "langue révérée" ou "sacrée". Il interdit ainsi le "pompeux barbarisme", c'est-à-dire l'invention de mots nouveaux. Il interdit aussi "l'orgueilleux solécisme", c'est-à-dire les incorrections syntaxiques. Le langage poétique est donc avant tout un langage correct, conforme à l'usage. Hugo, même si c'est sur le mode ironique, rappelle cette vocation de la poésie. Certains mots sont jugés "nobles", ils peuvent entrer dans le domaine poétique : azur, firmament ou éther par exemple pour désigner le ciel. Au contraire, d'autres, "tas de gueux, drôles patibulaires", sont évidemment bannis de la poésie : ceux qui viennent du "patois" ou de "l'argot". Certains outils semblent donc indispensables aux poètes : les dictionnaires, évoqués par Hugo et Rimbaud, les ouvrages de grammaire, comme celui de Vaugelas cité par Hugo. L'Académie Française, quant à elle, se porte garante de ce qui est ou n'est pas poétique. Ajoutons les textes théoriques : La Poétique d'Aristote citée par Hugo, ou L'Art poétique de Boileau auxquels se réfèreront grands nombres de poètes du XVIIIe siècle. Dans une telle perspective, les auteurs sont alors classés par catégories : le bourgeois Molière, mais le grand Racine... Ils constituent alors des modèles à suivre ou à proscrire.
2. L'héritage des anciens La réalité est plus nuancée. De façon générale, tous les poètes sont de grands lecteurs nourris de leurs prédécesseurs, qu'ils soient jugés honorables ou non par les institutions. Au XVIe siècle, les poètes de la Pléiade sont nourris de Pétrarque, leur prédécesseur italien. Tous les poètes de la deuxième moitié du XIXe siècle sont quant à eux nourris de leurs prédécesseurs romantiques. Cette influence inévitable peut prendre la forme de