dissertation philo
C’est une évidence, presque un truisme, d’affirmer qu’un écrivain puise dans son expérience personnelle pour rédiger son œuvre. Ainsi Flaubert pouvait s’écrier : « Madame Bovary, c’est moi ». Il signifiait par là qu’au cœur de sa fiction c’était un morceau de sa vie qui était livré au lecteur, que son personnage avait été bâti avec ses souvenirs.
Peut-on pour autant prétendre qu’il suffit de se souvenir pour écrire un récit autobiographique ? La question pourrait être reformulée dans les termes suivants : le récit autobiographique peut-il se satisfaire du matériau brut fourni par la mémoire ?
Il convient d’abord de préciser ce que recouvrent les termes « se souvenir » et « récit autobiographique ». Ensuite il sera possible d’examiner comment le travail de la mémoire est nécessaire à ce même récit autobiographique, sans pour autant se révéler suffisant.
I. Définition des termes « se souvenir » et « récit autobiographique »
Il peut être utile d’opposer se rappeler quelque chose et se souvenir de quelque chose. Se rappeler est plutôt lié aux facultés rationnelles : intelligence, volonté ; alors que dans se souvenir, il existe un aspect involontaire, une coloration émotionnelle, ce qu’évoque l’usage de la préposition « de » qui introduit un complément indirect.
Les souvenirs sont des éléments de la « vie intérieure », un aliment pour la sensibilité qui les préfère souvent au présent et cherche à les fixer pour nier la fuite du temps. Le souvenir est donc lié à l’affectivité et aux émotions.
Le récit autobiographique est la mise en forme des souvenirs. Il recouvre des aspects aussi différents que le journal intime, les mémoires, la correspondance… autant de façons de raconter sa vie. Plus que tout autre, le récit autobiographique entretient un rapport complexe avec la réalité : l’auteur relate des faits qu’il a vécus mais avec un regard rétrospectif.
Le récit autobiographique n’est pas la biographie : Du grec bios « vie » et graphein «