Dissertation
I / conditions permettant l’emergence d’une action collective :
L’analyse des conditions d’émergence de l’action collective fait apparaître l’importance du degré et du type d’organisation du groupe mobilisable. Plus le nombre des individus formant le groupe est limité, plus la mobilisation a de chances de réussir. Chaque membre perçoit plus aisément l’importance et l’efficacité potentielle de sa participation, et la « protestation » (ou « prise de parole ») - pour reprendre les termes utilisés par l’économiste Albert Hirschman – y apparaît plus efficace que la « défection ». Dans un petit groupe, la défection est d’ailleurs davantage visible et sanctionnable et donc perçue comme plus coûteuse. La mobilisation est d’autre part plus susceptible d’émerger dans les groupes où existent des relations denses entre les membres et un fort sentiment d’appartenance, que l’on observe moins dans les grands groupes (comme les groupes de consommateurs).
L’aptitude du groupe à produire des incitations sélectives ou parfois des mesures coercitives est aussi un facteur de mobilisation : les syndicats, les partis politiques ou les associations professionnelles ont fréquemment recours à l’offre de biens individuels (distinctions, postes de responsabilité, avantages pratiques, etc.) pour obtenir des adhésions et faire accepter à leurs membres le coût de leur investissement. Enfin, toute participation ne se réduit pas à un calcul individuel des coûts et des avantages. Il ne faut pas négliger le rôle joué par les notions d’obligation morale, de solidarité et de loyauté, valeurs au nom