GEORG WILHELM FRIEDRICH HEGEL
(1770-1831)

Dialectique de maître et de l’esclave

La conscience est un résultat (1807)

La dialectique du maître et de l’esclave que l’on trouve dans la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel décrit comment la conscience se transforme en conscience de soi. Faisant de celle-ci un résultat et non une réalité spontanée, elle apparaît comme une critique de la conscience-substance. Toutefois, elle n’invite pas pour autant à se délivrer de toute conscience. Car, si l’être de celle-ci est une illusion, son devenir ne l’est pas. Dépourvue de sens comme nature, elle en possède un comme action.
Comme Descartes, Hegel s’accorde à reconnaître une importance au moi. Celui-ci pose l’homme et l’homme se pose par lui. Toutefois, si ce moi est par un biais celui d’une conscience réfléchissante, par un autre, il véhicule une passion d’être unique et, donc, d’absorber ou d’exclure tout ce qui n’est pas lui. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’il y ait conflit et violence dès lors que le moi surgit. Car, si son individualité est source de conscience, elle est aussi source d’égoïsme et de passion.
Certes, qui dit conflit à ce niveau, dit duel à mort. Car, comment distinguer deux ego dont chacun aspire à une exclusivité sans partage ? Toutefois, la passion de vouloir faire vivre le moi est plus complexe qu’il ne semble. Car, elle peut donner lieu à deux attitudes : a) celle qui consiste à aller jusqu’au bout de la passion en plaçant le moi au-dessus de la vie ; b) celle qui consiste à refréner une telle passion, en plaçant la vie au-dessus du moi.
Hegel a désigné la première attitude sous le nom d’attitude du maître et la seconde sous celle de l’esclave. Par un certain côté, il est juste de souligner que la distance qui les sépare est celle qui sépare le courage de la peur. Pour placer le moi au-dessus de tout, ne faut-il pas courir le risque absolu de la mort ? Toutefois, comme la violence, la relation entre domination et servitude est double. Car,