Doudou
Avec ses grandes oreilles, ses pattes démesurées et ses yeux ronds d'étonnement, on lui aurait peut-être bien tendu une carotte au lieu d'une cuillerée de miel!
Je l'avais tout simplement surnommé Doudou car je passais très souvent ma main sur le haut de son crâne, là où les poils sont les plus doux.
Ma tendresse pour lui était sans limite: Je machonnais le bout de ses pattes.
J'entortillais ses grandes oreilles autour de mes doigts.
Je léchais presque son museau avec mes gros bisous baveux. Toute la journée, je le traînais avec moi, une oreille dans ma main.
Toute la nuit, je le serrais contre moi avec tendresse, pour éloigner les cauchemars et les pleurs. Mais bien que je l'aimais beaucoup, j'étais souvent brutale avec Doudou. • Une fois, alors que j'étais en colère, je l'ai fait voltiger à travers toute la pièce et il a atterri, piteux, sur le carrelage tout dur. • Une autre fois, je l'ai tapé de toutes mes forces parce que qu'il avait fait une grosse bêtise (du moins, c'est ce que je croyais) • Encore une autre fois, je l'ai ligoté à un arbre pour qu'il se tienne tranquille
Mais c'est aussi PARCE QUE je l'aimais beaucoup que j'étais parfois brutale avec lui.
Lors des bagarres, je le défendais toujours sauvagement contre les autres enfants qui voulaient me le prendre.
C'est de cette manière que le malheur arriva:
Daniel avait attrapé Doudou par la tête.
Moi, j'avais aussitôt retenu mon jouet favori par les pattes et je cherchais violemment à récupérer mon bien.
Chacun tirait, l'un une oreille, l'autre une jambe ou bien un bras.
De sinistres craquements auraient dû m'avertir, mais dans le feu de l'action, je n'y fis pas du tout attention.
Or Doudou était déjà bien vieux, sa fourrure avait été usée par mes caresses répétées.
Doudou ne résista pas à la tension: Le tissu se déchira dans un grand bruit !
Daniel