Décadence ( nouvelle )
Appuyé à la rambarde de mon balcon , je contemple passivement la vie nocturne de la mégalopole. Les inconnus passent et se ressemblent , se perdant dans la foule. Leurs visages éphémères ne me rendent plus que pensif. A vrai dire, je n'aime pas cette ville , ni ces gens, ni cette vie. La mienne est à l'opposé de la leur ; je la vis au jour le jour. Mon quotidien est loin du métro-boulot-dodo de la plupart d'entre eux. Je passe mon temps enfermé dans mon appartement ; loin de cette population si sociable et basée sur le don de soi et les apparences. Je ne cherche d'ailleurs personne pour partager ma solitude, dégoûté de la nature humaine qui se cache, tapie sous nos masques de bonté. Je suis un marginal, un rêveur à qui l'on brûle les ailes, un poète à qui l'on tranché les mains. La fatalité m'écrase un peu plus chaque jour et je n'ai trouvé qu'un remède à cela. Sortant un paquet de tabac de la poche arrière de mon jean, j'en extirpe une roulée déjà préparée et l'allume passivement. Le geste est habituel, presque machinal. Une latte ou deux, puis je m'amuse à faire tomber la cendre sur les hommes dont la présence m'oppresse tant, du haut des cinq étages qui me séparent d'eux. Contemplant l'horizon pollué par l'urbanisation, j'essaie vainement de me souvenir d'où me vient ce dégoût pour les et la nature de l'homme. A ce moment, mon portable vibre sur la table du balcon et, même en n'y prêtant qu'à peine attention, cela me fait perdre le fil de réflexion. Mes souvenirs sont trop vagues, je peste bruyamment puis finis par hausser les épaules. L'ennui me guette, je rentre quelques minutes dans le salon de mon trois pièces et décide finalement qu'une escapade sur le toit de l'immeuble ne serait pas de refus. Là-haut, tout est différent et c'est ce qui me plait.
Mes écouteurs dans les oreilles et mon « matériel » sous le bras, je monte et m'installe finalement à quelques mètres du bord. Ayant pris soin de bloquer la