Economie
GILLES GUITTON*
E
n soi, tout système bancaire et plus particulièrement sa composante distribution (la « banque de détail »), parce qu’il est ancré au plus profond d’un pays et de ses rapports à l’argent, est toujours le reflet de sa culture, de sa sociologie, en un mot de son intimité. Et il est clair qu’on ne fait pas « de la banque » en France, comme on le fait en Espagne, en Allemagne, au Japon, en Chine, aux États-Unis ou au Brésil. Il suffit pour s’en convaincre de faire l’expérience dans chacun de ces pays, d’une simple opération de change, de retrait de monnaie ou de paiement. De ce point de vue, l’article de Christine Lagoutte sur la spécificité du système bancaire britannique décrit et rappelle son dessin bien particulier où, à l’image du pays qui l’a vu naître, continuent de coexister, même dans ses mutations les plus récentes, le poids des traditions et l’exceptionnel héritage d’une vocation maritime et commerciale tournée vers le grand large et l’international. Et c’est bien sans doute cet enracinement culturel des systèmes bancaires qui explique la difficulté de mener et plus encore de réussir, au moins dans la banque de détail, des stratégies de rapprochement transfrontières dont jusqu’à présent peu ont été convaincantes, si l’on excepte les prises de participation ou de contrôle sans réelle remise en cause des modes de fonctionnement internes de la banque. Le développement des nouvelles technologies de communication et de « la banque par Internet » permettra-t-il de franchir plus aisément cet écueil ? Faute de recul suffisant pour le moment, on ne peut encore se prononcer, mais la question mérite d’être suivie avec attention car elle pourrait conduire à des révisions de fond de la conception et de l’organisation même de l’industrie bancaire. Reflet des réalités profondes d’un pays, son système bancaire enregistre et porte naturellement en lui les traces de ses évolutions, de ses incertitudes voire de ses contradictions. L’article