Il l'avait vu, attablé au café, frêle, vieux et sans défense. Il lui adressa un regard incrédule comme si Duroy était fou ou extraordinairement stupide. Il s'adossa contre un mur et soutenu son regard. Un défi se tenait devant lui : se soumettre a plus ages ou tenir tête. Le boulevard était noir de monde, des personnes de tout age et de tous sexes se dressaient autour de lui, jamais cet endroit ne lui avait paru si vivant ni étouffant. Tous les liens qui courent entre les individus, qui rattachent la mère a l'enfant, l'homme a la femme, le sentiment d'union qu'ils tissent avec la famille et les voisins, avec les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, tout était tellement plus grand, plus fort lorsqu'on prend le temps de s’arrêter pour y faire attention. Sa soif le rappela a sa réalité. Il enviait cet homme qui, visiblement, était a son aise. Le regard du barbon s’effaça de la pensée de Duroy et celui-ci n'avait en tête que le bock qu'il se permettrait plus tard.
Le vieil homme paya le garçon de café et partit avec une nonchalance si déconcertante que Duroy le suivit. Tel un aigle sur sa proie il examina ses gestes en vue de lui soutirer sa bourse. Avait-il perdu la tête ? Un ancien militaire de haut rang pouvait-il tomber si bas ? Voler un vieillard. Le peu d'assurance et d’orgueil qu'il avait s’évapora quand il y pensa. Enfin sa bourse tomba de sa poche, Duroy ne s’était pas trompe, Georges Duroy ne se trompe jamais. Il se dépêcha de ramasser ce trésor qui ne lui appartenait pas. « Dépêchez vous ! Rendez lui son bien. » fit une voix derrière lui. Duroy exécuta les propos qu'il venait d'entendre. La jeune femme le regarda avec l'air niais qu'on toutes les femmes lorsqu'elles ont l'impression d’être écoutées. L'air calme était lourd du parfum des roses, le ciel piqueté d’étoiles donna de l'entrain a l'homme timide qu’était Duroy. « satisfaite ? » « Pourquoi pas ? L’honnêteté a disparue de notre société et le vice a remplace toutes formes de jugeote » « mais