Le Carnet de Mort

Vous allez certainement me prendre pour un fou, mais je vais tout de même vous raconter mon histoire. En ce moment même, je me trouve dans une pièce très claire entouré d’hommes tout de blanc vêtus, en robe ou en blouse, je ne sais pas. Tous m’écoutent et j’espère que vous aussi. J’ai l’impression qu’ils ne me prennent pas au sérieux et pourtant cette histoire est réelle. J’ai pris l’habitude de tenir un journal, voici le récit de ces derniers jours.

Lundi 10 juin - C’est un jour de juin, un bon jour d’été, un jour ordinaire, un jour comme les autres. Je suis tranquillement assis à l’ombre d’un grand palmier dans mon jardin bordé par la mer. Je contemple au loin les bateaux qui défilent en nombre à longueur de journée. Mon regard est attiré par un navire d’une taille impressionnante, comme les paquebots d’autrefois, sa coque de bois est défraîchie. Sur le pont, des formes blanches, immobiles, étranges. Je suis pris de vertige, une certaine angoisse mêlée de plaisir m’étreint. Je suis fatigué, je rentre. Comme c’est la période des vacances, j’ai donné congé aux domestiques afin qu’ils puissent se reposer et voir leur famille. Moi je n’ai plus de femme, la pauvre a péri lors d’un accident en mer l’été dernier, quant à mes enfants, ils sont déjà partis en vacances avec leurs propres enfants. Je finirais donc seul cet été.

Mardi 11 juin - Etrange, je sens une drôle d’atmosphère dans cette maison. Je me sens las. Je me regarde dans le miroir, j’ai le visage creux. J’ai des courses à faire, direction le magasin de jardinage et ensuite le fleuriste. Il faut absolument que je gagne le concours du plus beau jardin. Après midi, je jardine. L’odeur de la terre retournée me bouleverse. Je m’allonge à même le sol, je suis bien.

Mercredi 12 juin - Journée de repos aujourd’hui, je suis trop fatigué. Demain je continuerai de jardiner, il faut que je sois en grande forme pour embellir le jardin et gagner le premier prix. Peut-être demanderais-je