Ainsi, puisque Socrate veut approfondir la définition d'Éros comme désir, il débute en définissant ce qu'est un désir. Premièrement, un désir est toujours relatif et, pour cette raison, Éros, c'est-à-dire l’amour, est toujours amour de quelque chose (199c2-e8). Mais, deuxièmement, la relation qui est propre au désir est le manque. Ainsi, dire qu'Éros est un désir, c'est dire qu'il lui manque ce qu'il aime (200a1-b3). Socrate tient ensuite à préciser les attributs temporels du manque : il peut être présent (un malade qui désire la santé) ou futur (un homme en santé qui désire conserver la santé). Socrate se sert alors de ce point pour faire admettre qu'Éros est un désir et que l’objet de son désir est « ce qu'il n’a pas, ce qu'il n’est pas lui-même, ce dont il manque » (200e2-3). Acceptant qu'Éros est un amour du beau et du bon comme le voulait Agathon, Socrate précise cependant que, par conséquent, Éros doit lui-même manquer de bien et de beau(200e6-201c8). Toutefois, cela ne veut pas dire pour autant qu'Éros est laid et mauvais. Le premier point que Diotime veut établir est précisément qu'il existe un intermédiaire entre les contraires, et pour ce faire, elle utilise l’exemple de la science et de l’ignorance dont l’intermédiaire est l’opinion droite (savoir qu'il en est ainsi, sans pouvoir expliquer pourquoi il en est ainsi). Ayant établi ce point, elle peut maintenant avancer qu'Éros n’est ni un dieu immortel (car il manque de beauté, de bien, etc.) ni, cependant, un mortel. Éros est un intermédiaire entre les mortels et les immortels, il est un daímôn (202d10).
Éros, l‘amour, se définit par un manque et ce dont il manque, avant tout, c'est le bien. Tout homme désire son bien et ce bien, en dernière analyse, consiste à vouloir enfanter, c'est-à-dire à vouloir persister dans l’être. Ainsi, mortel, l’homme manque d'un bien, c'est pourquoi il désire l’immortalité (207a). Or, ce désir ne peut s'actualiser que dans le beau, ce dernier n’étant pas la fin de son désir,