Externalité
L’analyse des externalités environnementales : un essai régulationniste
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Bertrand ZUINDEAU
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Cet article a pour objet de montrer la pertinence d’une approche régulationniste pour l’étude des externalités environnementales. Il examine l’hypothèse que « accumulation » et
« mode de régulation », d’une part, « environnement », d’autre part, entretiennent des rapports variables, d’un triple point de vue : le type d’externalité, les modes de règlement de l’externalité, l’effet en retour de l’externalité sur l’économie. Cette lecture particulière conduit aussi à une méthode d’approche, susceptible de donner lieu à différentes applications, notamment des études monographiques et des études comparatives.
I
NTRODUCTION
Depuis plusieurs années, la théorie de la régulation a su faire montre de sa pertinence pour traiter des champs nouveaux, s’écartant du domaine de prédilection qui est le sien : l’analyse macro-économique des espaces nationaux. Approches régionales, approches sectorielles, sont probablement les meilleurs exemples rendant compte de cette fécondité
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.
Un domaine, en revanche, semble durablement ignoré par la théorie régulationniste : celui de l’environnement [Lipietz, 1995]
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. Hormis un certain nombre de travaux portant sur le lien entre environnement et agriculture (notamment [Laurent, 1992]), ou sur les politiques nationales de lutte contre l’augmentation de l’effet de serre [Lipietz, 1997], cette École ne s’est guère penchée sur l’analyse économique des externalités environnementales
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. Le constat que l’on peut faire de la faiblesse des contributions françaises peut d’ailleurs être étendu aux travaux anglo-saxons [Gibbs, 1996].
Pourtant, deux raisons majeures appellent à éprouver, pour ce domaine aussi, la capacité d’explication offerte par la théorie de la régulation.
En premier lieu, contrairement à ce qui ressort d’une analyse néoclassique, complètement a-historique, on peut observer que les externalités