Faut-il éviter les idées abstraites ?
[Introduction]
[Pourquoi cette question ?]
Des idées abstraites, du latin abstractus, « séparé de », ne représentent par définition qu’un aspect isolé par la pensée d’une réalité complexe formée de multiples aspects et pouvant être envisagée sous de multiples points de vue : par exemple les idées de forme, de grandeur, de couleur, de saveur, de nombre. À l’opposé, une idée concrète est une idée permettant de se représenter directement l’objet pensé : par exemple l’idée de tel livre, de la Lune ou de Socrate. Pour l’opinion commune, les idées abstraites ne sont formées que par des esprits purement spéculatifs dont les préoccupations sont infiniment éloignées du réel ou du quotidien des hommes, et rien ne vaut davantage que la réalité prétendument concrète. Mais les idées abstraites peuvent-elles seulement être évitées ?
[Position du problème :]
Les idées abstraites sont-elles à déconsidérer, ou bien sont-elles proprement incontournables, en philosophie comme dans les sciences ?
[Annonce du plan :]
Comment le sens commun se représente-t-il les idées abstraites ?
En quoi les idées abstraites seraient-elles incontournables ?
Comment se distinguent à cet égard la philosophie et les sciences ?
[1ère partie :] Comment le sens commun se représente-t-il les idées abstraites ?
1) Les idées abstraites passent fréquemment pour être réservées à des intelligences supérieures, seules capables de les former et de les concevoir. Qu’on songe par exemple à certaines applications de la physique quantique que seuls des physiciens de haut niveau paraissent capables