Fiche de lexture de cid de corneille
Embarquer dans un antique hélicoptère russe loué par l'Onuci (forces des Nations unies en Côte d'Ivoire) et survoler d'ouest en est la grande cité lagunaire est aujourd'hui le seul moyen d'accéder à l'hôtel du Golf, le quartier général d'Alassane Ouattara, président élu du pays selon le verdict de la Commission électorale, certifié par les observateurs internationaux. Immeuble moderne planté au milieu d'un grand parc, bordé au sud par les eaux brunes de la lagune Ebrié, au nord par les vertes pelouses du terrain de golf d'Abidjan, cet hôtel quatre étoiles témoigne de ce qu'a pu être la capacité d'attraction des touristes et des hommes d'affaires de la prospère Côte d'Ivoire des années 1980. Lors des événements de 2004 (chasse aux Français par les «patriotes» gbagbistes), il était déjà devenu le lieu de refuge de l'opposition au régime du président Gbagbo, car protégé par les marsouins français du 43e Bima (bataillon d'infanterie de marine).
L'hôtel comprend deux ailes : l'une est réservée au président élu, à ses conseillers, à son équipe de campagne électorale ; l'autre abrite les membres du gouvernement qu'il a nommés peu après sa prestation de serment. Les soldats de l'Onuci sont logés dans de grandes tentes blanches éparpillées dans le parc, à l'ombre des banyans. Le hall du lobby est une tour de Babel pleine de gaieté, où se retrouvent chefs de village en boubou, militaires des «Forces nouvelles» en treillis, députés en costume clair et «ministres» en costume sombre. Hormis la machine à expressos tombée en panne, tout fonctionne normalement. Chacun paie ses consommations - orangeades mais aussi bières «Flag» dès le matin - et la réception vend des droits Wi-fi comme dans n'importe quel hôtel de la planète. Entre deux «conseils interministériels» ou deux «réunions techniques», tout le monde se donne du «Monsieur le ministre», du