Fin de partie, une oeuvre burlesque et grisonnante
La Cie Arène Théâtre d’Eric Sanjou a interprété, jeudi 18 novembre, « Fin de partie », une pièce de Samuel Beckett. Mise en scène épurée et texte tragi-burlesque contrastent sur la scène du Théâtre du Pont Neuf (TNP) de Toulouse pour refléter le vide beckettien.
« J’attendais d’avoir de la bouteille pour mettre en scène un texte de Beckett », confie Eric Sanjou, le metteur en scène. Les années lui ont permis de mieux cerner l’univers chaotique et grotesque du dramaturge : cet univers décadent, où tout tombe en décrépitude. Avec humour toutefois, car comme le dit Nagg, un personnage de la pièce, « rien n’est plus drôle que le malheur ».
Des murs gris et capitonnés, à l’image d’un asile psychiatrique. Des visages couverts d’une sciure grise, absorbés par le décor de ce monde post-apocalyptique. Des personnages à la fois présents et absents. Des mots gravés à la lumière des projecteurs sur les enceintes de ce refuge. Un gouffre. Pas de surplus. Un décor épuré, qui gomme toute profondeur. Eric Sanjou souhaitait rendre à Beckett ce qui est à Beckett. Et quoi de mieux que cette nébuleuse déconcertante qui détonne avec un texte luxuriant, balayant les situations des plus tragiques aux plus grotesques. C’est ce décalage qui vient précisément renforcer le sens du texte : l’immobilisme et l’ensevelissement de l’homme face à la mécanique du temps et de l’espace.
Quatre personnages composent la petite scène du TNP, où l’atmosphère est, selon Eric Sanjou, comparable à « un calme fragile, postérieur à une irruption volcanique ». Hamm (Georges Gaillard) est un paraplégique aveugle, despotique et capricieux, qui entretient avec son fils adoptif Clov (Eric Sanjou), une relation filiale et servile. Une relation qui « suit son cours » pour citer une phrase du texte, reflet de l’obsédante rengaine du quotidien. Nell (Valérie Mornet) et Nagg (Christophe Champain), les parents de Hamm, sont des