Français: la naissance d'un mythe
Il n'était que 20 heures pourtant, Michel, 10 ans, se réveillait pour la seconde fois hanté par d'horribles cauchemars. Dehors, il faisait froid, les hautes fenêtres de la chambre étaient couvertes de buée, signe que les bûches crépitaient toujours dans l'âtre du grand salon où les parents de Michel s'adonnaient à la lecture. Le soufflet que le notaire activait de temps en temps, symbolisait l'aisance de la famille. Michel se leva, alluma sa chandelle, regarda ce lit à baldaquin qu'il détestait tant.
Il se rappelait la conversation qu'il avait eu avec son bisaïeul, disparu depuis peu: « Pourquoi dois-je subir toutes ces horreurs la nuit » lui avait-il demandé. Perplexe, le vieil homme essaya de rassurer ce gamin à qui il avait tout enseigné: « C'est des rêves, Michel, rien de plus, vous devez les outrepasser afin de revenir à la réalité » « Non ! Ces jumelles qui s'enflamment, qui s'écroulent et qui tuent des milliers de personnes, c'est tellement réel, j'ai peur « Son grand-père l'avait regardé avec tristesse comme s'il le croyait fou. Perdu dans ses pensées, Michel s'était retrouvé face à la nuit, face à cet astre qui changeait de forme, passant du cercle au néant et du néant au cercle. Il aimait étudier les phénomènes célestes et interpréter la position des étoiles. La flamme de sa bougie chancelait, la vitre lui renvoyait son image, la neige tapissait le sol, les nuits étaient longues à cette époque de l'année, le soleil se couchait tôt et se levait tard. Michel entendit la voix de son père. Immédiatement, il éteignit la lueur qui le rassurait tant et se blottit, à contre cœur, dans les draps rêches. Il ne voulait pas sombrer dans le sommeil, les yeux grands ouverts, il essayaient de lutter.
On dirait des maisons empilées les unes sur les autres, toujours plus hautes. Les