Guerre de troie, scene 4
HÉCUBE, ANDROMAQUE, CASSANDRE, HECTOR, PÂRIS,
DEMOKOS, LA PETITE POLYXÈNE, LE GÉOMÈTRE
HECTOR. – Comment l’as-tu enlevée ? Consentement ou contrainte ?
PÂRIS. – Voyons, Hector ! Tu connais les femmes aussi bien que moi. Elles ne consentent qu’à la contrainte. Mais alors avec enthousiasme.
HECTOR. – À cheval ? Et laissant sous ses fenêtres cet amas de crottin qui est la trace des séducteurs ?
PÂRIS. – C’est une enquête ?
HECTOR. – C’est une enquête. Tâche pour une fois de répondre avec précision. Tu n’as pas insulté la maison conjugale, ni la terre grecque ?
PÂRIS. – L’eau grecque, un peu. Elle se baignait…
CASSANDRE. – Elle est née de l’écume, quoi ! La froideur est née de l’écume, comme . Vénus.
HECTOR. – Tu n’as pas couvert la plinthe du palais d’inscriptions ou de dessins offensants, comme tu en es coutumier ? Tu n’as pas lâché le premier sur les échos ce mot qu’ils doivent tous redire en ce moment au mari trompé.
PÂRIS. – Non. Ménélas était nu sur le rivage, occupé à se débarrasser l’orteil d’un crabe. Il a regardé filer mon canot comme si le vent emportait ses vêtements.
HECTOR. – L’air furieux ?
PÂRIS. – Le visage d’un roi que pince un crabe n’a jamais exprimé la béatitude.
HECTOR. – Pas d’autres spectateurs ?
PÂRIS. – Mes gabiers.
HECTOR. – Parfait !
PÂRIS. – Pourquoi « parfait » ? Où veux-tu en venir ?
HECTOR. – Je dis « parfait », parce que tu n’as rien commis d’irrémédiable. En somme, puisqu’elle était déshabillée, pas un seul des vêtements d’Hélène, pas un seul de ses objets n’a été insulté. Le corps seul a été souillé. C’est négligeable. Je connais assez les Grecs pour savoir qu’ils tireront une aventure divine et tout à leur honneur, de cette petite reine grecque qui va à la mer, et qui remonte tranquillement après quelques mois de sa plongée, le visage innocent.
CASSANDRE. – Nous garantissons le visage.
PÂRIS. – Tu penses que je vais ramener Hélène à