Histoire des lépreux au moyen-âge, une société d’exclus
Françoise Bériac
Introduction
Cet ouvrage est en fait une synthèse des conclusions établies à l’époque par l’histoire de la santé. Ecrite en 1988, elle vient couronner les recherches de l’auteur dans ce domaine dans le Sud-Ouest de la France tout à aspirant à élargir sa focale sur l’ensemble du territoire français et à compiler quinze années de recherches sur la lèpre au Moyen-âge. Elle se consacre sur une période de trois siècles qui va de 1050 à 1350, sans pour autant oublier les indispensables éléments préalables sur l’histoire de la médecine.
Première partie ; lépreux et médecins
Chapitre premier ; le médecin médiéval et la lèpre
Dans ce chapitre, Françoise Bériac commence par présenter sommairement la théorie des humeurs, pour signaler ensuite qu’Hippocrate (460-377), et au IVème siècle Oribase de Pergame (326-403) suivis par pléthore d’auteurs arabes, affirment que l’éléphantiasis procède d’un excès d’atrabile par rapport au sang. Avec le mouvement des Grandes Traductions, cette analyse s’ancrera et restera peu ou prou indiscutée. Constantin l’Africain traduit Al-Abbas au Mont Cassin en 1087, Etienne d’Antioche, à Tolède l’œuvre d’Abulcasis. Le Corpus Constantinum et Corpus toletanum, sont traduits par Gérard de Crémone comme l’est le Canon d’Avicenne. Ces grands traités médicaux traduits dans les années 1180-1340 présentent quatre sortes de lèpres ; éléphantine, serpentine, léonine, vulpine; dues respectivement à la mélancolie/ atrabile ou à l’adustion/ combustion des trois autres humeurs ; flegme, bile et sang. Les médecins médiévaux identifient aussi des causes secondes. Dans le Liber Pantegni traduit par Constantin l’Africain on peut lire que ce sont les semences corrompues des parents malades qui déterminent la dyscrasie tout comme la fréquentation des lépreux et l’inhalation des émanations malignes de leurs corps. La Pratica Brevis de Platearius, La Rosa Anglica de John de Gaddesden