Horloge
Dans la famille des écrivains hallucinés, dépressifs, macabres et aussi géniaux que démodés, Baudelaire est le patriarche. On ne s'étonnera donc pas qu'il ne soit guère lu par les publics de Paul-Loup Sulitzer ou de J.K.Rowling, ce qui fait, en les additionnant, la majorité des consommateurs.
L'homme qui a enterré les vieillissantes doctrines romantiques a eu ce tragique destin de finir sur les mêmes étagères que ceux auxquels il s'opposait. A quelques exceptions près, la poussière semble être l'avenir fatal de toute œuvre dépassant les trente-quarante années d'existence.
L'espérance de vie d'un livre devient inférieure à celle d'une cannette de bière !
Grâce à Mylène, il y aura au moins un auteur de sauvé (avec Poe dans "Allan"). Reprenant le texte original d'un poème de Baudelaire, Boutonnat et Mylène ont réussi à lui coudre un "habillage" contemporain à peu près à sa taille.
Mais le choix de Baudelaire et de "L'Horloge" est plus qu'une opération de sauvetage par nostalgiques décalés. C'est une partie importante de l'œuvre mylénienne complète.
Rendons à chacun ce qui est à chacun : les textes de Baudelaire, au niveau du pur jeu poétique, sont supérieurs à beaucoup de textes de Mylène. C'est la différence entre le maître et l'apprentie. Mais, au niveau de la réflexion, Mylène ne se borne pas à copier Baudelaire. Elle veut le dépasser, ou plutôt passer par lui pour suivre un autre chemin, un chemin qui n'est pas loin de celui des "Fleurs du Mal", mais qui mène à d'autres lieux et d'autres paysages.
Pour preuve, le fait que Mylène commence son premier "grand" album avec le poème qui finit le grand recueil de Baudelaire : la quatre-vingt-cinquième fleur du Mal. Une petite ambition de poursuivre sur la voie du maître ? En tout cas, de