introduction mémoire sur les armées du royaume de Chypre
Que l’on évoque les croisades ou toute autre zone géographique, nombre d’idées reçues sur la guerre au Moyen Âge ont longtemps été répandues : une violence partout présente, en Europe surtout, des carnages succédant aux carnages, des campagnes et des paysans livrés à la merci des gens de guerre indisciplinés et pillards… Pourtant, si on admet que la guerre semble bien avoir été plus acceptée dans l’Europe médiévale comme un phénomène politique et social qu’à d’autres époques ou dans d’autres cultures, on souligne qu’elle n’a pas été plus violente.
Art militaire tel que le définissent les manuels de guerre, stratégie et tactique comme les révèlent les sources narratives, modes de combats, armement, technologies militaires, aspects juridiques et diplomatiques, aspects moraux et religieux, financement des campagnes, recrutement et organisation des armées, guerre navale, batailles, ces aspects abondants définissent le monde des armes et montrent toute la multiplicité des angles d’approche pour la recherche historique. La diversité des thèmes de recherche implique une diversité qui caractérise aussi les armées franques, prépondérantes dans les États latins d’Orient, celles du roi de Jérusalem, du prince d’Antioche, ou plus maigres, des comtes de Tripoli et d’Édesse. Diversité ethnique, comme l’atteste la présence d’éléments locaux, les turcoples notamment, sur laquelle je reviendrai plus avant dans ce mémoire. Diversité sociale également, avec des fantassins qui, habituellement si peu mentionnés par les chroniqueurs, s’adjoignent à des chevaliers dont les conditions de service ont suscité bien des interrogations. Parmi les États latins d’Orient susceptibles d’être étudiés, le royaume de Chypre présente au moins trois caractéristiques qui lui confèrent son originalité : son héritage byzantin, sa longévité, ainsi que sa position en tant qu’île étape dans les échanges méditerranéens. Reprise par Nicéphore II Phocas aux Arabes, en 965,