Istanbul, souvenir d’une ville.
Avec cet ouvrage, qui fut salué par le prix Nobel de littérature 2006, Orhan Pamuk nous donne a voir, par le biais de ses souvenirs d’enfance, mais surtout a travers la vision et le jugement des voyageurs occidentaux, peintres ou écrivain, une ville, sa ville : Istanbul.
Au-delà de l’évocation d’une ville, Orhan Pamuk nous amène à une réflexion sur le concept d’orientalisme, sur le regard que portent l’occident sur cette ville d’Orient, au passé glorieux et à la recherche de son identité, entre tradition et modernité. D’après Edward Saïd l’orientalisme peut être défini comme "un style de domination, de restructuration et d’autorité sur l’Orient", cependant selon l’universitaire et écrivain Sarga Moussa, au contraire, l’auteur nous invite "En dialoguant […] avec des écrivains européens du XIXe siècle, […] à repenser la question de l’orientalisme, en portant sur ces derniers un regard oriental". Il semble donc interressant de se demander quelle est, dans cette ouvrage, la vision de l’art occidental qui nous est proposé.
Tout d’abord, Orhan Pamuk met l’accent sur le profond désir d’occidentalisation des stambouliotes. Mais pour lui cette occidentalisation tient plus d’une volonté d’oublier le passé, de se "liberer des atours chargés de souvenirs affligeants et douloureux hérités de l’empire écroulé" comme il l’écrit, plutôt q’une volonté de modernisation. Cette occidentalistion est visible dans l’intérieur des maisons, dans les salons, décorés a l’occidental et chargés de bibelots qu’il décrit comme des " musées d’une culture jamais vécue", mais aussi dans la rue ou les konak vestige de la turquie d’avant la république, disparaissent. Il en résulte, selon Pamuk, une tristesse, une mélancolie propre aux stambouliotes et à la ville elle-même. C’est cette mélancolie, cette nostalgie du passé, de cette "culture agonisante" qui va pousser l’auteur à se représenter la ville telle qu’elle était au temps