Juste valeur
LA COMPTABILITÉ EN « JUSTE VALEUR » PERMET-ELLE UNE MEILLEURE REPRÉSENTATION DE L’ENTREPRISE ?
JEAN-FRANÇOIS CASTA *
n assiste depuis plusieurs décennies, sous l’impulsion des normalisateurs anglo-saxons, à une remise en cause progressive des fondements du modèle comptable traditionnel, c’est-à-dire des conventions qui conditionnent la mesure de la richesse et du revenu de l’entreprise par la comptabilité financière. Ce mouvement de grande ampleur, initié aux États-Unis par le Financial Accounting Standards Board (FASB), puis au plan international par l’International Accounting Standards Committee (IASC), vise à remplacer le coût historique - fondement actuel de la mesure comptable du résultat et de l’évaluation des actifs et passifs - et à lui substituer le concept de « juste valeur » (Fair value). La juste valeur est définie par l’IASC1 comme : « le montant pour lequel un actif peut être échangé ou un passif émis entre deux parties volontaires et bien informées dans le cadre d’une transaction à intérêts contradictoires ». Le concept de juste valeur est plus large et d’un usage plus général que celui de valeur de marché2 : en effet, à défaut de prix de marché observé sur un marché actif, l’évaluation sera déterminée par la valeur d’échange sur laquelle s’accordent deux parties indépendantes, par le prix de marché d’un élément aux caractéristiques proches ou par le calcul de la valeur actuelle nette des flux futurs. L’évaluation à la juste valeur concerne potentiellement un grand nombre d’actifs et de passifs non financiers ; elle peut être le fondement d’un nouveau modèle de représentation comptable de l’entreprise dont l’objectif serait de mieux traduire dans les états financiers l’incertitude affectant les prévisions de cash-flows et les opportunités d’investissement.
* Professeur des Universités, Parix IX Dauphine et associé Corpus Managment Consulting.
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