Justice sociale
Pour éclairer les théories de la justice sociale
Jean-José Quiles professeur de chaire supérieure
Lycée Montaigne (Bordeaux)
Il y a, dans la pensée économique et sociale contemporaine, un retour du normatif. Les auteurs con-cernés, américains d'origine, sont tout juste, à l'exception de Friedrich Hayek, John Rawls et Robert Nozick [voir bibliographie], traduits en français. Mais la conjoncture y est sans aucun doute pour beaucoup. La reprise de la croissance transforme toujours les questions économiques en problèmes de répartition. Quel est le "juste" partage d'un surplus de richesses ? Que faire de la "cagnotte" fis-cale ? Faut-il satisfaire immédiatement les revendications, et sur quelle base légitime, d'autant plus qu'elles s'expriment de manière désordonnée, de façon catégorielle et dans la surenchère; ou au contraire favoriser une épargne salariale face à la montée des stocks-options ? Atténuer les fluctua-tions du prix de l'essence pour certains ou pour tous, etc.; des questions auxquelles il est impossible de répondre en termes simplement techniques tant elles renvoient avant tout à une certaine idée de la justice sociale(La justice sociale mérite une définition très approfondie. On se contentera ici de l'assimiler à un processus de redistribution.). A l'inverse, comment mettre en oeuvre une "juste" redistribution autrement que par des critères (idéologiques) relevant d'un pur arbitraire ? Les théories de la justice sociale évitent ces deux écueils. Une "bonne répartition" doit être fondée sur un "équilibre réfléchi" (Ch.Arnsperger & Ph. Van Parijs). Faut-il découvrir la vérité ? La réponse est non. Toute théorie de la justice sociale explore un principe normatif le plus loin possible. Il convient donc de l'apprécier à sa valeur légitime : celle d'une pratique intellectuelle.
Qui prétend quoi et pourquoi ? Il est ici impossible d'entrer dans tous les méandres de théories complexes, mêlant étroitement l'économie du