Kant fondements de la métaphysique des mœurs
Que puis-je connaître ? C'est le point de départ de son œuvre, exposé dans la Critique de la raison pure (1781). Elle est forcément la première question, puisqu'elle concerne la possibilité de toute connaissance ultérieure. Avant de se mettre en route, il est prudent de savoir jusqu'où l'on peut aller. Cette question est celle des limites de la connaissance humaine. Il convient de critiquer, au sens de soumettre à un examen, notre faculté de connaître, afin de savoir jusqu'où notre savoir peut nous conduire. Plus précisément, ce qui fait problème, c'est la possibilité de dépasser l'expérience sensible. Autrement dit : une connaissance de ce qui n'est pas sensible est-elle possible ? Est-il possible de connaître ce qui n'est donné dans aucune intuition sensible - par exemple : Dieu, l'au-delà, le commencement et la fin du monde ? Cette connaissance, dont la validité a été mise en doute par Hume, c'est la métaphysique. L'enjeu de cette question, c'est la possibilité d'établir une morale. "Si Dieu est mort, tout est permis" (Dostoïewsky, les Frères Karamazov). Dans la métaphysique traditionnelle, les règles morales sont fondées sur l'affirmation de l'existence d'un Dieu juge de la valeur de nos actions, qui distribue châtiments et récompenses dans l'au-delà. Si la métaphysique est impossible, comment fonder les valeurs morales? Or, conclut Kant, les questions métaphysiques sont à jamais indécidables. Cependant, cela n'exclut pas une métaphysique des mœurs,