"Les Lumières sont la sortie de l'homme de la minorité où il est par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui. Cette minorité, nous la devons à notre propre faute lorsqu'elle n'a pas pour cause un manque d'entendement, mais un manque de décision et de courage pour se servir de son entendement sans la direction d'autrui. Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est donc la devise des Lumières." DÉFINITION DES LUMIÈRES Kant définit les "Lumières" comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la "minorité". L'état de "minorité" est un état de dépendance, d'hétéronomie . Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loi qu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui. Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propre entendement. Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'est plus sa propriété, son oeuvre propre mais l'oeuvre d'un autre. Que l'on songe ici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action. Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujets soumis? Et à Kant d'imputer la "faute" (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui par lâcheté, par "manque de décision et de courage" laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs. Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du "Contrat social": "Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause. Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain. Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement. S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y