Kant
L’introduction est avec les deux préfaces (surtout celle de 1786) le passage le plus important pour comprendre le projet général de Kant dans la Critique de la raison pure. En outre, c’est dans l’introduction que sont exposés et définis pour la première fois deux couples conceptuels fondamentaux (et les plus connus de la pensée kantienne) : jugement analytique et jugement synthétique d’une part et les concepts "a priori" et "a posteriori" d’autre part.
L’importance de l’introduction tient au fait que Kant y expose pour la première fois la problématique de la Critique de la raison pure. Mais avant cela il doit d’abord expliquer le concept fondamental de jugement synthétique a priori.
Pour cela, il distingue d’abord les jugements analytiques des jugements synthétiques. Un jugement analytique est une proposition dans laquelle on lie deux concepts (par exemple x est la cause y ou bien x a la qualité y etc.) mais simplement en analysant c’est-à-dire explicitant un des deux concepts. Par exemple si je dis « les célibataires ne sont pas mariés », je lie deux concepts (célibataires et pas mariés) mais le prédicat « pas mariés » est déjà contenu dans le sujet de la phrase « célibataire ». Le jugement « les célibataires ne sont pas mariés » n’est donc pas une connaissance au sens étroit du terme : il ne nous apprend rien sur le monde, il est juste une tautologie.
Il existe un deuxième type de jugement selon Kant : ce sont les jugements synthétiques. Ils lient eux aussi deux concepts mais à la différence des jugements analytiques ils ne sont pas de simples tautologies. Les axiomes et théorèmes de la géométrie (euclidienne), les lois de la physique (newtonienne) ou même les pseudo-connaissances de la métaphysique sont tous des jugements synthétiques.
Enfin, Kant distingue l’a priori de l’a posteriori. Sous ces deux termes apparemment complexes il entend quelque chose de très simple. Une connaissance est a posteriori quand elle est le résultat de