La bataille d'hernani
Depuis le XVIIème siècle, le théâtre classique s’en remet invariablement à la règle des trois unités : unité de lieu, de temps et d’action. Même si certains auteurs comme Corneille, ou, plus tard, Marivaux et Diderot tentent de faire bouger les choses, l’école classique reste largement dominante.Dans la première moitié du XIXème siècle, une nouvelle génération d’écrivains et d’auteurs reprend le flambeau de la contestation et fait tout pour s’affranchir définitivement de ce qu’elle considère comme un véritable asservissement créatif.Le 25 février 1830 a lieu, à la Comédie Française, la première représentation d’une nouvelle pièce de Victor Hugo : Hernani. Hugo, qui n’en est pas à son coup d’essai, est déjà, à l'époque, un écrivain connu. En juin 1829, sa pièce de théâtre « Marion Delorme » est très bien accueillie par la Comédie-Française. C'est la représentation d’un premier drame de l’école romantique, mais la censure royale finit par interdire la pièce. Avec un large soutien de la presse populaire, Hugo parvient à remonter jusqu’à Charles X lui-même, mais en vain. Il se remet dont au travail et écrit une nouvelle pièce.C’est « Hernani ». Dans ce drame historique d’une longueur inhabituelle et haut en couleur, situé dans l’Espagne du XVème siècle, Hugo enchaîne les envolées lyriques et des scènes assez triviales. Ecrit rapidement, en moins d’un mois, l’ouvrage est d’abord lu devant une soixantaine de fidèles. L’accueil est évidemment unanime. Les comédiens du « Français » donnent également leur accord. Cette fois, le comité de censure est plus prudent. Il ne peut se permettre de retoquer deux fois de suite une pièce d’un auteur comme Hugo. Mais c’est tout de même à contre cœur qu’il donne son accord.C’est ainsi que débutent les répétitions d’Hernani. Hugo marque d’emblée une première rupture en s’impliquant fortement dans le travail des comédiens, chose impensable à une époque où la notion de metteur en scène n’existe pas.