La conscience de soi
Texte :
Une chose qui élève infiniment l'homme au-dessus de toutes les autres créatures qui vivent sur la terre, c'est d'être capable d'avoir la notion de lui-même, du Je. C'est par là qu'il devient une personne ; et grâce à l'unité de conscience qui persiste à travers tous les changements auxquels il est sujet, il est une seule et même personne. La personnalité établit une différence complète entre l'homme et les choses, quant au rang et à la dignité. A cet égard, les animaux font partie des choses, dépourvus qu'ils sont de raison et l'on peut les traiter et en disposer à volonté.
Alors même que l'homme ne peut pas encore dire Je, il a déjà cette idée dans la pensée, de même que doivent la concevoir toutes les langues qui n'expriment pas le rôle de la première personne par un mot particulier lorsqu'elles ont à l'indiquer. Cette faculté (de penser) est l'entendement.
Mais il est à remarquer que l'enfant, lorsqu'il peut déjà s'exprimer passablement, ne commence à parler à la première personne, ou par Je, qu'assez longtemps après (une année environ). Jusque là, il parle de lui à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.) Lorsqu'il commence à dire Je, une lumière nouvelle semble en quelque sorte l'éclairer ; dès ce moment il ne retombe plus dans sa première manière de s'exprimer. - Auparavant, il se sentait simplement ; maintenant, il se pense.
Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique.
Explication du texte:
Dans ce texte Kant répond à la question : "Qu'est-ce qui définit l'homme et le distingue des autres espèces vivantes ?" . Ce qui caractérise l'homme c'est qu'il possède la capacité de