La delinquance juvenile causes et consequences
De cette analyse centrée sur les motivations, l’auteur propose plusieurs pistes en matière de prévention, dont l’action sur la déscolarisation, sur le rôle des parents, la construction de garants des lieux publics. Il insiste sur la nécessité d’évaluer les effets des politiques, notamment à propos de l’impact supposé de la réponse pénale au premier délit.
L’analyse de la délinquance des jeunes est probablement en train d’entrer dans une période de maturité, en France. Elle commence à être documentée empiriquement. Il faut déplorer que, trop longtemps, comme d’ailleurs au début des études sur le sentiment d’insécurité, la plupart des travaux aient été orientés par une optique militante. On a ainsi vu des théories " mono causales " proliférer et s’opposer, par exemple celle liée au rôle familial contre celle liée à la privation économique. Leur lien avec des discours partisans est trop limpide pour mériter des développements. L’approche doit, me semble-t-il, être multifactorielle pour une raison évidente : aucun facteur pris isolément n’est capable de rendre compte des comportements délinquants. Cela est vrai à la fois des variations diachroniques, de celles qui sont intra-individuelles (les changements " à l’intérieur " d’un individu d’un âge à l’autre par exemple) ou des variations inter-individuelles (les différences entre un individu x et un individu y).
Les résultats qui servent à illustrer mon interprétation sont issus d’une enquête portant sur 2288 jeunes de 13-19 ans des agglomérations de Grenoble et St Étienne. Ils ont été échantillonnés à partir des structures de l’Éducation nationale (collège, lycée, Centres d’insertion professionnelle par alternance) par tirage aléatoire sur liste (au taux de 5%) dans une centaine de lieux différents, soit