La france dans la premiere guerre mondiale
et Doc 5. La mobilisation dans la Beauce
Dans ce village des Alpes – Val des Près – où vit Émilie Carles, c’est la stupéfaction qui fut le premier sentiment de la population, comme dans beaucoup de campagnes : « Quand on a entendu les cloches sonner, on s’est tous demander pourquoi ». La méconnaissance de la situation internationale est telle que l’on se demande contre qui la France est en guerre :
« Mais avec qui ? ». Si l’auteur mentionne ceux « qui prenaient çà à la rigolade », elle insiste également sur « les inquiets qu voyaient tout en noir ». Mais tous partent : « Finalement, ils sont tous partis ». Les refus d’incorporation, souvent involontaires
(problèmes postaux, absence du territoire national), sont très marginaux. Ils sont largement inférieurs à 1 %. Le regard assez
sombre et peu patriote d’Émilie Carles – alors Émilie Allais – peut aussi s’expliquer par son engagement idéologique
libertaire et antimilitariste. De plus, la petite Émilie, âgée de 14 ans à la mobilisation, voit deux de ses frères partir à la guerre.
À l’inverse, dans le village de Beauce de Saint-Loup, c’est un véritable enthousiasme à l’annonce de la mobilisation générale : « C’était quasiment une fête », « le monde a pris la guerre comme un plaisir ». À la différence du texte précédent, n ces paysans sont au courant de la situation : « On voyait que les hommes étaient prêts ». La situation géographique explique en partie cette différence : l’information circule mieux dans un village situé à quelques kilomètres d’une ville – Chartres – et à une centaine de kilomètres de la capitale que dans un village d’une vallée isolée des Alpes. De plus, Grenadou, paysan né en 1897, mentionne la Revanche, la haine des Allemands, sentiment plutôt minoritaire en France. Cela s’explique par la guerre franco-prussienne de1870-1871 : « Ils étaient venus à Saint-Loup en 70 ». Le souvenir de cette occupation, vécue comme un humiliation,